Burgundy Flow
Pendant la saison touristique, si vous levez les yeux vers le ciel bourguignon, vous aurez peut-être la chance d’apercevoir, jouant dans les nuages, la montgolfière Arlequin.
Mais qui est aux manettes de ce ballon extraordinaire ? J’ai décidé de vous emmener à la rencontre d’un couple passionné qui a transformé son rêve de jeunesse en projet de vie.
Temps de lecture : 3 minutes

“Au commencement était l’émotion”
L’histoire débuta en 1977. Alors que Bouvard lançait les Grosses Têtes, Pierre organisait son tête-à-tête avec Christiane… dans un ballon. À l’époque, elle étudiait les lettres modernes et lui le droit.
Mais, son truc à lui, c’était l’aérostation qu’il avait découvert pour la première fois à travers la littérature, en suivant les pérégrinations d’un pilote de ballon à gaz.
Pierre aura essayé le deltaplane et commencé une formation de pilote d’avion de tourisme mais c’est le vol en Montgolfière, calme et aventureux à la fois qui allait l’emporter au-delà de son imagination au point de survoler, un jour, le Mont Blanc à 6000m d’altitude…

A l’heure de choisir quelle direction donner à sa vie, le vent de sa jeunesse chassa l’idée d’une vie conventionnelle et la passion prit le pas sur la raison.
Et, puisqu’il est difficile de résister aux lois de l’attraction, Christiane embarqua elle aussi dans l’aventure qui la verra chaque jour s’émerveiller et s’enthousiasmer devant la maîtrise du pilotage de Pierre.
C’est donc en 1979 que naissait Air Escargot et une confiance indéfectible entre Christiane et Pierre. Leur envol commença. Ils avaient tout juste 20 ans.
Préparer Arlequin à voler
En 2019, c’est donc avec un Pierre aussi passionné que dans sa jeunesse que je m’apprête à effectuer mon premier baptême en Montgolfière !
Avant de pouvoir prendre place dans la nacelle faite d’osier et de rotin tressés, j’assiste au dépliage de l’enveloppe en tissu et à l’étalage de sa mosaïque de couleurs sur le sol spongieux d’un champ encore recouvert par la rosée du matin.


Un vent léger s’occupe de réveiller les feuilles des arbres nous entourant alors qu’un soleil timide surplombe déjà le vignoble que nous allons survoler. Bientôt, nous percerons les nuages.
Arlequin est en place et attend que son enveloppe se gonfle. Le brûleur entre en action et remplace l’air froid par de l’air chaud en convertissant en chaleur l’énergie du carburant. C’est ce brûleur qui permettra à notre pilote de contrôler la montgolfière pendant notre vol.

Dompter les vents indomptables
La nacelle commence doucement à se mettre en position droite afin d’accueillir ses spectateurs. J’entre en scène. Le trac m’envahit mais le regard de Pierre et ses gestes sûrs m’aident à me détendre.
Le ballon au-dessus de ma tête est gonflé à bloc, j’entends le brûleur faire son travail et mes pieds quittent le sol… avec une délicatesse infinie.

Notre Arlequin fait déjà de l’ombre aux arbres, nous prenons de l’altitude. Le vent semble choisir la direction. C’est agréable de se laisser guider par les éléments. Cela me rappelle ce que Pierre m’a dit sur son tout premier vol en montgolfière en solo, sa satisfaction de maîtriser cet engin et de pouvoir jouer avec les vents.
J’ai comme l’impression qu’ils se jouent l’un de l’autre dans l’invisibilité du monde. C’est un bel échange : Pierre s’occupera de changer de trajectoire en domptant des vents différents et le vent nous laissera profiter de sa cadence. Nous continuons notre progression, les nuages se rapprochent…


La tête hors des nuages
Sous mes pieds, le paysage défile doucement, avec poésie. Beaune s’éloigne. Je vois les côtes viticoles se succéder, les champs ne devenir qu’une palette de couleurs de campagne tandis que le vignoble devient linéarité jusqu’à s’estomper totalement. L’air s’est nettement rafraîchi mais le brûleur apporte un peu de chaleur. Quand soudain…

Les nuages nous engloutissent. Je ris nerveusement comme pour me rassurer et j’ai l’impression de respirer différemment. On ne voit plus rien que le blanc des nuages. Nous sommes enveloppés de coton, je rentre dans un songe. C’est alors que le ballon grimpe encore d’un cran comme pour fuir la masse blanchâtre dont il était le passager.
Le spectacle est grandiose et je mesure l’infinie petitesse de mon être dans la grandeur du ciel. Au loin, une autre montgolfière naît des nuages rendant notre hauteur encore plus époustouflante, nous volons à plus de 1500m d’altitude.

Mis à part le ventre d’Arlequin qui gargouille d’air, il n’y a pas un seul bruit. Je suis frappée par le silence des airs, le ciel azur m’émeut, et un sentiment de plénitude m’envahit complètement. Je profite de cet instant qui n’arrive qu’une fois.
Une descente dans le brouillard
Il est temps d’être avalé une nouvelle fois par les nuages. Nous ne sommes plus clandestins cette fois, les nuages ont compris et nous relâchent pour notre descente vers la terre.
A notre grande surprise, le brouillard fait son apparition, épais, rendant cette dernière partie de notre périple, un peu plus périlleuse. Nous frôlons les arbres à quelques reprises et je regarde Pierre, concentré mais détendu, manoeuvrer Arlequin qui s’essaie aux caprices.

Je lui demande s’il a déjà eu peur, question à laquelle il répond “bien sûr, malgré l’étude minutieuse des prévisions météorologiques, voyager dans le ciel au gré des vents comporte des incertitudes qui peuvent devenir effrayantes mais j’aime bien gérer les aléas.”
Cela me va très bien qu’il gère à cet instant car je ne contrôle rien du tout. Je suis ravie de savoir que mon pilote n’a pas eu à utiliser son gant anti-feu que son père lui a offert à ses débuts. Mais rassurez-vous, il n’a jamais eu l’occasion de l’utiliser.
Le vignoble avant la terre
Puis, derrière les arbres, le vignoble. Nous survolons ce terroir à l’histoire ancienne. Dans la vigne se dessine les futurs pinots noirs et Chardonnay qui, bientôt, raviront mes papilles. Pour le moment, je me contente de l’observer mûrir et me sens chanceuse d’être témoin de son charme comme le sont les oiseaux.


Après quelques tentatives pour atterrir, nous voilà en position pour accueillir à nouveau cette région qui a tant changé en 42 ans mais qui reste authentique pour le visiteur. La Bourgogne a ce petit quelque chose en plus, un art de vivre si singulier qui invite à la contemplation et à l’épicurisme.
Enfin, l’espiègle Arlequin me dépose sur ma terre natale…
Une chose devient certaine dès lors : J’ai décollé pour le ciel en tant qu’adulte et suis revenue sur terre en tant qu’enfant… des étoiles dans les yeux.
Alors, prêts à tenter l’expérience ?
Épilogue : je souhaite finir cette rencontre sur une phrase rédigée par Christiane et Pierre à la question : pourquoi aimez-vous tant voler ? Parce qu’il y a dans leurs mots, tout l’amour et la passion d’un couple pour le vol en Montgolfière. Une passion qui a su rester intacte, 42 ans après…
Pourquoi aimez-vous tant voler ?

Je précise que cet article n’est pas sponsorisé. Je fonctionne au coup de coeur et j’avais vraiment envie de vous présenter à la fois une entreprise bourguignonne et ses acteurs. J’aime leur histoire et j’aime qu’Air Escargot soit 100% local. Et puis, entre nous, on devrait toujours faire le choix de la proximité quand on le peut, non ?
Leur site internet : https://www.air-escargot.com/
En cette période de confinement, l’inspiration devient élastique. Elle grandit, prend des formes inattendues, elle vous saisit les tripes, vous emmène en voyage dans des endroits que vous ne soupçonniez pas. Alors, il convient de lui rendre justice, de la laisser s’exprimer, de lui permettre de rayonner. Ce poème est une invitation à écouter, se souvenir et à réaliser la chance d’être encore de ceux, d’être toujours là. Bien vivant.
Temps de lecture : 2 minutes
ÔDE À L'INSPIRATION
J’ai regardé aujourd’hui, quelques clichés de mes voyages
Confiné dans mes 30m2, il fallait que je prenne le large
L’album refermé sur ces années qui ne sont plus
J’ai repris ma place sur mon petite siège sans vue

Sur le rebord de ma fenêtre, j’écoute les oiseaux chanter
Je suis comme un chat domestique qui rêve de les attraper
Pas pour les mettre en cage, juste leur demander conseil
Sur les techniques d’envol, pour faire un tour dans le ciel

La rue est calme, ma belle Bourgogne joue aux dormants
Seulement quelques bruits de pas, de vils insouciants
Les voitures à l’arrêt, le pavé devient témoin
D’une guerre dont la victoire dépendra de chacun

Je ne peux sortir, comme tous je suis confinée,
Je décide de fermer les yeux pour pouvoir m’échapper
Le soleil caresse mon visage et le silence me berce,
Soudain mon esprit s’évade, les images deviennent ivresse

Les cloches de la Basilique résonnent comme à l’accoutumée
Je respire à pleins poumons, je rejoins le marché
L’affluence est grande en ce samedi matin
Les commerçants s’activent, les clients se serrent la main

Pour pique-niquer, direction le parc de la Bouzaize,
Je salue les canards avant de prendre mes aises
Le carrousel se remplit d’enfant survoltés
J’écoute l’eau qui ruisselle et les oies cacarder

Dans le vignoble les tous premiers bourgeons
Me font l’honneur de leur apparition
Au pied du blanc Chardonnay et du rouge Pinot noir
Je me laisse conter les récits du terroir

Je me remémore ma balade à Vougeot l’autre matin,
Et la Saint-Vincent Tournante à Gevrey-Chambertin
Je bave d’envie pour mon fromage préféré, le Cîteaux
Je mange ma baguette de pain tartinée de moutarde Fallot

Les prunus en fleur profite du singulier climat
Pendant qu’un maitre corbeau me fait son cinéma
Loin de paraître louche ou funeste sur son poteau
Il déploie ses grandes ailes vers le clos des Avaux

Que de doux souvenirs viennent égayer cet instant
Ou dans 30m2, je rêve d’un “comme avant”
Beaune n’est que l’ombre d’elle-même sur cette planète mars
Mais soyez patients, restez chez vous, attendez que l’ombre passe.




L’idée d’écrire sur la Bourgogne vient de mon enfance et de mes voyages. D’un pépé qui faisait son vin à l’ancienne, d’une mémé tendresse et d’un voyage au bout du monde avant le retour aux racines…
Temps de lecture : 3 min.
LA MAISON D'ENFANCE
Pour comprendre d’où me vient l’idée d’écrire ce blog, il faut puiser dans mes souvenirs de petite fille. Rajeunir d’une bonne vingtaine d’années, prendre un petit air innocent et agir en toute curiosité. Lisez plutôt. 🙂
L’histoire commence dans la maison de mes grands-parents, à l’époque de mes 8 ans. C’est dans cette petite maison décorée à l’ancienne que se dresse une porte en chêne séparant la salle à manger du jardin.
À cette époque, cette porte en bois exerçait sur moi une fascination naturelle.
Elle agissait dans mon esprit comme une ligne de démarcation entre là où j’avais le droit d’aller avec les adultes et les endroits qu’il m’était interdit d’arpenter seule.


Seulement voilà, mon pépé franchissait cette porte à la hâte certains jours sans me laisser le temps de me cacher derrière son ombre.
Ce qu’il trafiquait “de l’autre côté”, loin de mémé et moi – sans un indice perceptible – commençait à me courir sur le haricot. Et ses gros yeux, loin de me dissuader de le suivre, éveillèrent en moi une curiosité indéfectible.
Bien trop jeune pour vagabonder seule, mais déjà trop têtue et curieuse pour que cela soit un problème, j’entrepris donc un jour de jouer les équilibristes sur un bancal tabouret en bois afin de regarder de l’autre côté de la porte.
Par l’intermédiaire du seul carreau translucide, j’accédais enfin aux activités secrètes de mon grand-père.
Les activités secrètes
Pépé menait des activités qui devaient nourrir son homme…
Hélas, aujourd’hui, je connais parfaitement le hurlement (atroce) du cochon avant qu’il ne soit transformé en jambonneau et le regard terrorisé du lapin avant le civet. De viande, en grandissant, j’allais me passer.


Mais l’une des occupations de pépé, loin de me terroriser (de toute façon, c’était déjà fait) allait me fasciner.
Un après-midi, béret sur la tête et jean remonté en ourlet au-dessus des genoux, voilà pépé qui enjambe un très gros baquet (entendez une cuve en bois.).
Mais, qu’est-ce qu’il fait, pépé ? Le voilà qui s’active et, de ses nus pieds, explose les pellicules de raisins pour en extraire le jus sucré.

Je me suis longtemps demandée quel effet ça faisait les grappes de raisins éclatant sur les mollets. Et aujourd’hui je me dis que si pépé a une si bonne santé, c’est surement grâce aux propriétés antioxydantes des raisins malaxés… (information à prendre avec des pincettes et de l’humour.).

Ceci dit, le voir s’exécuter m’a fascinée même si sa technique de vinification n’était pas à conserver. Qu’importe, une chose est certaine : Mon intérêt pour le vin était né et c’est au cœur de notre vignoble bourguignon que je vais vous guider, tout ça grâce à pépé !
Bon, et mémé dans tout ça, pourquoi écrire sur elle ?


Le jardin bio de mémé
Et bien mémé, c’est la douceur incarnée. Entre elle et moi, aucun secret. J’ai grandi avec les récits de sa vie passée, la responsabilité de subvenir aux besoins de sa famille, les journées d’hiver à laver le linge à la rivière…
Avec mémé, main dans ma main, nous traversions la porte en chêne de sa maison, direction le jardin. Les quelques marches grimpées, c’est d’une terre dense dont il fallait s’occuper.



Je me souviens encore des haricots sur la terrasse en train de sécher, des gros bidons bleus pour récupérer l’eau de pluie et arroser.
Je voyais se succéder les rangées de courgettes et de tomates, les salades et les patates, les grappes de raisins dorés, les fraises dont j’aimais faire la cueillette.
Avec mes petites gambettes, j’étais autorisée à rendre visite aux poules. J’adorais les entendre glousser, récupérer leurs œufs encore chauds mais bien frais.


Les plantations et récoltes de mémé suivent, encore aujourd’hui, le rythme des saisons. À l’époque, on ne parlait pas de “bio” mais les techniques utilisées respectaient déjà les sols et la santé.
Ce serait mentir de dire que je n’ai pas râlé à manger ses soupes aux choux et aux navets. Aujourd’hui pourtant, je parcours des dizaines de kilomètres juste pour en déguster une, comme avant. C’est ma madeleine de Proust.
Et quand je quitte leur maison, c’est toujours avec des cagettes pleines de provisions.

L'art d'ÊTRE bourguignon



Mes grands-parents ne sont pas bourguignons de sang, mais de cœur. Ils se sont déracinés de leur Portugal natal pour que leurs quatre petits bourgeons puissent éclore là où l’herbe semblait plus verte. La Bourgogne comme terre d’accueil.
Je mets un point d’honneur à vouloir rencontrer et écrire sur des Bourguignons pure souche ou d’adoption afin de parler de leur(s) histoire(s). Qu’ils soient vignerons, peintres, vendeurs, chômeurs…. Ils ont tous quelque chose à raconter.
Parce qu’une vie sans partage, c’est comme une soupe d’antan faite sans amour, ça n’a aucun goût, vous trouverez les récits de ces “gens” dans ce blog.
Et enfin, mes voyages allaient annoncer logiquement la création de ce blog…
DU MONDE, À LA BOURGOGNE
La section carnets d’explorations de mon blog fait écho à mon périple réalisé en sac à dos autour du monde.
Déjà lors de mon exploration de plusieurs continents, j’avais pour passion de faire découvrir les univers différents dans lesquels j’évoluais à ceux qui me lisaient. Toujours cette soif d’écrire et de partager.



Je vais donc poursuivre mes déambulations et vous guider en Bourgogne.
J’aime écrire à l’instinct. Je ne veux pas vous dire ce que vous devez ressentir, aimer, ou détester, mais juste attirer votre attention, vous inviter à voir avec vos yeux et à observer autrement les lieux touristiques et les coins les plus reculés de ma région.
Fortement attachée à la nature et à la protection de l’environnement, c’est tout naturellement que mon blog s’orientera sur ces thématiques avec la découverte des parcs, des espèces animales, végétales, florales… Entres autres.
J’espère également que mes photos et citations contenues dans la section photo’sensible sauront vous faire voyager et vous inviterons à vous arrêter le temps d’un instant ou plus longtemps, en Bourgogne.
Bonne visite 🙂
